La femme scientifique fait des merveilles
Dénigrement, harcèlement, sexisme, inégalité salariale : des termes de tous les jours et pourtant auxquels personne ne fait attention. Qu’en est-il dans le domaine des sciences ?
Un domaine passionnant, mais encore peu ouvert aux femmes. Pourtant, certaines ont marqué les mœurs.
Peut-être que le nom de Katie Bouman vous est familier et si ce n’est pas le cas, l’heure est venue d’en apprendre plus.
Cette chercheuse a brillamment participé à la photo prise d’un trou noir grâce à ses compétences en imagerie et en électronique obtenues en 2017 suite à son master au MIT. Sur son compte Facebook, elle a posté une photo qui montre la joie de sa découverte.
« Regardant, incrédule, le fait que la première image d’un trou noir que j’ai prise en cours de reconstruction »
Elle a mis tout le mérite à l’équipe de chercheurs avec qui elle a travaillé car une découverte ne se fait jamais seul. Bien vite une erreur est survenue au tableau. Le chercheur Andrew Chael se voit comme le véritable héros de cette découverte. La preuve ? Les lignes de code. 850 000 pour lui et 2000 pour elle selon la presse. Sur Twitter, Andrew lui-même a réfuté ces arguments.
« Bien que j’aie écrit une grande partie du code pour l’un de ces pipelines, Katie a grandement contribué au logiciel (…) Je suis ravi que Katie soit reconnue pour son travail et qu’elle inspire les gens en tant qu’exemple du leadership des femmes en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques.»
Un collègue qui s’approprie les mérites sur un travail réalisé par une femme n’est pas le seul problème. Katie s’est vu être la victime de cyberharcèlement. Dans un premier temps, sa page wikipedia a été signalée avec pour motif « qu’elle est une des 200 personnes d’une grande équipe et que quelqu’un qui n’est même pas professeur adjoint n’est certainement pas remarquable en tant que scientifique. »
De faux comptes Facebook ont été créés en son nom, bien qu’ils aient été supprimés. Des comptes Instagram ont été créés au nom d’Andrew Chael afin de rappeler la différence entre les lignes de code de lui-même et ceux de sa collègue.
Youtube n’échappe pas non plus à la règle. Une vidéo accuse la chercheuse d’avoir « effectué 6% du travail mais d’en récupérer 100% du crédit ».
Le fait est qu’il est difficile pour une femme de se faire respecter lorsque l’on travaille dans un milieu essentiellement masculin. Selon le Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, les femmes représentent 26% des chercheurs ainsi que 36% des personnels de soutien à la recherche (techniciens, ouvriers, personnel administratif).
Cela n’a pas empêché des femmes de contribuer au domaine scientifique.
Françoise Barré-Sinoussi est une scientifique qui a découvert le VIH et qui pourtant n’est jamais mentionnée.
C’est sur la page Wikipédia de Luc Montagnier que la scientifique est mentionnée « il est colauréat avec Françoise Barré-Sinoussi et Harald zur Hausen du prix Nobel de physiologie ou médecine, pour la découverte, en 1983 du VIH (virus de l'immunodéficience humaine) »
Et qu’en est-il des sciences aujourd’hui ?
Depuis 1901, date de création, 4 prix Nobel de physique ont été remportés par des femmes :
Marie Curie avec son époux Pierre Curie en 1903
Maria Goeppert-Mayer en 1963
Saul Perlmutter en 2011
Donna Strickland en 2018
Ce petit effectif s’explique-t-il par les chiffres en école ?
45% des filles choisissent un bac scientifique avec 37% dans des spécialités mathématiques, 28% sont en école d’ingénieurs, 30% sont en classes préparatoires.
Selon DigiSchool : « La majorité des étudiantes ingénieures étudient la chimie (44%) et l’agronomie (36%). A l’inverse, elles sont ultra minoritaires dans les branches de la mécanique productique (9%) et de l’automatique électricité (9%). 11% des filles inscrites en écoles d’ingénieurs étudient les STIC, 16% le génie civil et 22% la physique. »
Il est encore possible de faire changer les choses. Les sciences sont un domaine ouvert à tous et pas essentiellement réservé aux hommes. Même si vous êtes cyberharcelées, dénigrées ou oubliées, mesdames, n’oubliez pas que le monde a besoin de femmes pour tourner.